Reseña del libro "En lisant Nietzsche (en Francés)"
" Il arrive souvent, peut-être toujours, qu'en exposant ses idées un philosophe ne fait qu'analyser son caractère. Il arrive souvent, peut-être toujours, qu'un philosophe a pour point de départ ses sentiments; puis, qu'étant doué, parce qu'il est philosophe, de la faculté de penser ses sentiments, il fait de ses sentiments des idées; puis, qu'étant doué de la faculté de synthèse, il ramasse toutes ses idées, qui ne sont que des sentiments transformés, en une idée générale. - Puis, peut-être, il regarde autour de lui, il avise tout ce qui dans le monde des idées contrarie et gêne son idée générale et il en fait la critique, minutieuse, car il est dialecticien; âpre et vigoureuse, parce que son idée générale n'est au fond qu'un sentiment auquel il tient et même une passion qui le domine; puis il trouve, au cours de cette opération critique, des idées confirmatrices de sa pensée générale et il les accueille, et sa pensée générale devient système; - et aussi, car il est loyal, des idées lui viennent qui sont en contradiction avec son système, et il ne les repousse point, car il aime les idées pour elles mêmes, mais il les jette comme en marge de son esprit, et du reste il cherche à les faire rentrer plus ou moins dans son système même; - et enfin il a la conception que, le plus souvent, il ne peut réaliser ni même embrasser, d'un système qui dépasserait son système et pourrait accueillir dans son sein plus vaste toutes les idées, aussi bien celles qui luifurent hostiles que celles qui lui furent chères, qu'il a eues; d'un système au delà de son système, d'une idée générale au delà de son idée générale; et ce système il l'esquisse et cette idée il l'entrevoit et le plus souvent, surtout s'il meurt jeune, il reste au seuil de cette Terre promise, qu'il laisse à d'autres..."